Le pied, une
structure complexe

La Clinique du Pied

Pied plat décompensé

La Clinique du Pied

Le pied plat, tout comme le pied creux, est une variation anatomique du pied dit « normal ». Le pied plat se caractérise par un affaissement plus ou moins marqué de la voûte plantaire sur le côté interne du pied. Il s’accompagne d’une bascule plus ou moins importante en valgus de l’arrière-pied (arrière-pied en « x ») et d’une abduction du médio-pied (pied déviant vers l’extérieur). Les causes du pied plat sont multiples. A côté d’une origine héréditaire ou génétique caractérisant la morphologie de ce pied, un raccourcissement important du muscle gastrocnémius (muscle du mollet formant le tendon d’Achille et s’insérant au-dessus du genou) accentue la tendance du pied à s’affaisser. Le pied plat est longtemps bien compensé, mais les forces exercées sur le pied au fil des années provoquent une surcharge de certaines structures ligamentaires et tendineuses, ce qui conduit à une décompensation du pied et à l’apparition de douleurs. Les premiers symptômes se manifestent lors d’efforts prolongés et sont le plus souvent dues à une inflammation du tendon du jambier postérieur, un des tendons essentiels pour le maintien du pied en position correcte. Si la déformation s’accentue, une arthrose peut s’installer dans les articulations de l’arrière-pied et de la cheville, accentuant encore les douleurs et la gêne fonctionnelle.

L’examen clinique permet de confirmer le diagnostic et des examens radiologiques (radiographie standard, imagerie par résonnance magnétique IRM) permettent de déterminer l’atteinte de certaines structures anatomiques.

Traitement

Dans le cas d’un pied plat, il est important de consulter un spécialiste dès l’apparition des premiers symptômes. A ce stade, un traitement conservateur peut être mis en place, le plus souvent sous forme de supports plantaires adaptés et d’exercices d’étirement de la musculature postérieure de la jambe, en particulier le gastrocnémius, ainsi
que des exercices de renforcement du muscle jambier postérieur. Ces mesures permettent alors de stabiliser la situation et d’éviter une progression des symptômes et de la déformation.

A un stade plus avancé de la déformation, une correction chirurgicale est souvent nécessaire afin de rétablir l’anatomie de l’arrière-pied. L’intervention est une combinaison de plusieurs gestes (ostéotomie correctrice du calcanéum, arthrodèse partielle, rallongement du muscle gastrocnémius, suture ou renforcement du tendon du jambier postérieur). En présence d’une arthrose symptomatique des articulations de l’arrière-pied ou de la cheville, des arthrodèses, combinées éventuellement à la mise en place d’une prothèse totale de cheville sont souvent nécessaires et permettent de traiter les symptômes.

L’intervention peut durer jusqu’à deux heures en fonction des gestes à effectuer et peut être réalisée sous anesthésie générale ou rachidienne. On peut y associer une anesthésie locale d’un des nerfs principaux du pied (bloc poplité), ce qui permet de nettement réduire la douleur post-opératoire. Il faut compter deux à trois nuits d’hospitalisation. La marche se fait immédiatement dès le premier jour post-opératoire en décharge totale du pied opéré à l’aide de cannes dans une botte plâtrée amovible. Cette décharge totale est à respecter pendant les deux premières semaines. L’ablation des fils et la confection d’une nouvelle botte plâtrée amovible ont lieu 2 semaines après l’intervention. A partir de ce moment-là, une charge partielle de 15 à 20 kg sur le pied opéré est permise, ceci pour 4 semaines supplémentaires. Un contrôle clinique et radiologique est effectué 6 semaines après l’opération.

En cas de guérison osseuse suffisante, une augmentation progressive de la charge sur le pied se fait sur une période de deux à trois semaines jusqu’à la charge totale. Dès la 7e semaine, un traitement de physiothérapie visant à faire diminuer la tuméfaction du pied et à améliorer sa fonction est mis en place. La reprise d’activités telles que la natation, le vélo ou la marche modérée est possible dès la 10e semaine post-opératoire. Les activités plus contraignantes sur le pied comme les randonnées de plus longue durée peuvent être envisagées à partir du 7e mois après l’intervention. Des activités comme la course à pied ou d’autres sports de type « stop and go » ne sont pas recommandées après ce type d’intervention. Le pied va continuer à s’affiner et à s’assouplir jusqu’à un an post-opératoire et retrouver progressivement sa pleine fonction. Le port d'un support plantaire adapté est recommandé par la suite afin de maintenir la correction.